Des données étoffées et une intervention précoce pour aider plus de 1,4 million de jeunes aux prises avec un trouble alimentaire

Une chercheuse au CHEO – le Centre hospitalier pour enfants de l'est de l'Ontario situé à Ottawa – dirige les efforts visant à transformer les soins prodigués aux jeunes Canadiennes et Canadiens aux prises avec un trouble alimentaire.
À titre de directrice générale du Laboratoire des troubles alimentaires de l'Institut de recherche du CHEO, la Dre Nicole Obeid participe à des études portant sur les troubles alimentaires depuis plus de vingt ans. Elle et son équipe tentent de mieux en comprendre les facteurs de risque et de découvrir des traitements efficaces.
Les troubles alimentaires sont des maladies mentales graves, mais qui se traitent. Qu'il s'agisse par exemple d'anorexie mentale, de boulimie, de frénésie alimentaire, ou autre, on estime que les divers types de troubles alimentaires touchent environ 1,4 million de jeunes au pays, duquel seulement 25 % recevront les soins appropriés.
Pendant la pandémie de COVID-19 est survenue une déferlante de cas de troubles alimentaires, avec des quantités sans précédent de jeunes atterrissant aux urgences avec des symptômes de troubles alimentaires. Cette hausse fulgurante a incité la Dre Obeid et ses collègues à mener la toute première étude portant sur les répercussions sociales et économiques des troubles alimentaires au Canada, en partenariat avec Deloitte Economic Access.
« Il faut savoir mesurer un phénomène si on veut pouvoir le gérer », dit la Dre Obeid. Elle souligne que l'étude, axée sur les effets de la pandémie sur les troubles alimentaires chez les jeunes, a été réalisée pour fournir des données essentielles permettant de cibler les défis et d'améliorer le système de soins en matière de troubles alimentaires.
Les constats sont choquants. Au cours des deux premières années de la pandémie, de 2020 à 2022, le nombre de visites aux urgences des jeunes aux prises avec un trouble alimentaire a bondi de 126 % et le taux d'hospitalisation connexe a augmenté de 60 %. L'ensemble des services prodigués a coûté la somme colossale de 39,5 millions de dollars.
« Ce coût n'est que la pointe de l'iceberg », explique la Dre Obeid, soulignant que ce chiffre est fortement sous-estimé puisqu'il ne comprend pas d'autres services vitaux comme les services hospitaliers, les services externes, les services communautaires, la psychothérapie offerte par le secteur privé, la médication et le suivi nutritionnel.
Éclairés par cette étude, la Dre Obeid et ses collaborateurs ont mobilisé un consortium pancanadien qui défend une stratégie de surveillance nationale, laquelle aidera à orienter l'innovation en matière de soins pour les personnes atteintes de troubles alimentaires, les efforts de recherche et les nouveaux investissements dans des programmes et services de santé.
Parallèlement, la Dre Obeid et son équipe aspirent à combler une grave lacune dans les soins offerts au Canada. À cette fin, elles étudient la mise en œuvre d'un modèle d'intervention précoce en matière de troubles alimentaires appelé « FREED » (First Episode Rapid Early Intervention for Eating Disorders). Conçu au Royaume-Uni, ce modèle de services communautaires a été déployé dans le reste du pays et à l'étranger avec succès.
La Dre Obeid et son équipe ont collaboré avec des chercheurs, des cliniciens, des organismes communautaires ainsi que des adolescents et des familles ayant une expérience concrète afin d'adapter le programme au contexte canadien.
La version canadienne du programme, FREEDcan, vise à améliorer l'accès précoce aux soins, à réduire les temps d'attente et à faciliter l'intégration dans le continuum des soins pour les jeunes de 8 à 25 ans.
« En dépistant tôt les troubles alimentaires et en encourageant les jeunes à demander du soutien, nous pouvons mieux favoriser leur pleine guérison et éviter que leur état ne se dégrade au point de devoir recevoir des soins en milieu hospitalier », affirme la Dre Obeid.
En bref
L’enjeu
Les troubles alimentaires touchent 1,4 million de jeunes au Canada. Malgré les risques importants que posent ces troubles pour la santé, seuls 25 % des jeunes touchés recevront les soins appropriés.
La recherche
La recherche de la Dre Nicole Obeid, menée au Centre hospitalier pour enfants de l'est de l'Ontario, a permis de générer les toutes premières données sociales et économiques sur les troubles alimentaires touchant les jeunes Canadiennes et Canadiens. La Dre Obeid étudie également la mise en œuvre de FREEDcan, un programme d'intervention précoce qui a le potentiel de transformer les soins en matière de troubles alimentaires partout au pays.
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